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Vaccins Covid-19 : environ 4.000 déclarations d'effets secondaires en Limousin

Vaccins Covid-19 : environ 4.000 déclarations d'effets secondaires en Limousin

Vaccins Covid-19 : environ 4.000 déclarations d'effets secondaires en Limousin
Trier, traiter, enquêter, enregistrer : un travail colossal pour l'activité du centre. © stephane Lefèvre

 

Depuis début 2021, c'est un afflux inédit pour le Centre régional de pharmacovigilance de Limoges qui recueille tous les signalements d'effets indésirables des médicaments. Parmi eux, un des 34 cas français de thrombose atypique liée à l'injection du vaccin AstraZeneca.

Au deuxième étage du Centre de biologie et de recherche en santé (CBRS), à deux pas du CHU de Limoges, le Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) est submergé par les signalements post-vaccination Covid-19 depuis janvier dernier.

Plus précisément 4.000 en quatre mois et demi (sur 283.000 personnes ayant reçu une ou deux doses de vaccin en Limousin) : un record pour cette structure qui recueille les déclarations des effets indésirables des médicaments et fait remonter ses observations à l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM (*).

Plus de la moitié des déclarations en attente

« En temps normal, on en reçoit environ 1.200 par an, dont à peine dix notifications pour des vaccins “classiques” », compare le professeur Marie-Laure Laroche, la responsable du centre.

Sur les 4.000, le CRPV a pu en saisir 1.200 dans la base, en a traité 400 autres en attente d’enregistrement. Il lui reste plus de la moitié à gérer. « Mais on trie tous les jours les déclarations reçues, par priorité, afin de ne pas laisser passer des effets secondaires graves. Notre stock de retard concerne surtout les signalements pour des effets indésirables ordinaires. »

Des effets dits « graves » pour 25 % des déclarations

Ici, un quart des 1.600 déclarations déjà prises en compte concerne des effets dits « graves ». Une proportion semblable au niveau national.

« Cette notion de gravité est vaste, nuance le professeur Laroche. Elle englobe aussi bien les effets inattendus qu'attendus avec un caractère particulier : par exemple les syndromes grippaux causés par AstraZeneca. L’intensité des symptômes et l’ampleur du nombre de personnes touchées, avec beaucoup d’arrêts maladie, ont justifié qu’ils soient médicalement significatifs et classés “graves”. »

Un cas de thrombose de localisation atypique

Parmi les effets indésirables notables, le CRPV de Limoges a surtout enregistré un des 34 cas de thromboses de localisation atypique (cérébrale, intestinale) recensés en France, à la suite du vaccin AstraZeneca, et ayant entraîné 11 décès.

Le cas limousin n’a pas été mortel. « Cette réaction auto-immune, se manifestant par la production d’anticorps qui attaquent les plaquettes, est rare, développe la responsable du centre. On a eu d’autres déclarations de thrombose avec embolie, mais en menant notre enquête, c’est la seule situation où le vaccin était en cause. »

Zona, paralysie faciale...

 

À côté de ce cas marquant, tachycardie, zona, hypertension artérielle, paralysie faciale, urticaire font partie des autres conséquences non répertoriées dans la notice des produits. Toute hospitalisation est aussi intégrée dans les 25 % d’effets graves.

« Notre travail consiste à déterminer si c’est le vaccin qui est à l’origine d’un problème de santé ou s’il y a d’autres explications possibles. »

Jusqu'à une journée d'enquête pour un seul cas

Un travail de longue haleine. « Il faut entre une demi-heure et une heure pour gérer et valider une déclaration simple », indique le professeur Laroche.

« Quand le cas est plus compliqué, cela va d’une demi-journée à une journée, le temps de documenter le cas, de recontacter la personne pour qu’elle nous raconte son histoire, d’aller chercher des informations médicales pour un dossier clinique complet. Il faut que tout soit précis afin de justifier une éventuelle décision sanitaire. »

Un appel à des déclarations plus ciblées

Pour effectuer cette mission, le CRPV de Limoges dispose d’un peu moins de trois équivalents temps plein de médecins et pharmaciens, d’un mi-temps de technicien de recherche clinique et d’une secrétaire à temps plein. Quelques étudiants viennent aider.

« D’ordinaire, nous prenons le temps d’envoyer un courrier de remerciement pour chaque envoi, mais là, on ne peut plus se le permettre. »

Si Marie-Laure Laroche se réjouit de la participation massive, elle appelle à des déclarations plus ciblées sur les effets « graves, très gênants ou méconnus ». Une pertinence nécessaire pour garantir la réactivité de la surveillance vaccinale.

(*) Il existe 31 centres régionaux de pharmacovigilance en France : c’est ce réseau territorial qui alimente l’ANSM.

Les déclarations dans le détail


Répartition géographique : 80 % des déclarations reçues par le CRPV de Limoges sont originaires de Haute-Vienne, 15 % de Corrèze et 5 % de Creuse.

Répartition par vaccin : 78 % des 1.600 déclarations traitées concernent le vaccin Pfizer, 18 % AstraZeneca et 4 % Moderna et Janssen.

Répartition par profil de déclarant : 74 % des remontées viennent de patients et 26 % de professionnels de santé.

Répartition par moyen de signalement : 25 % des déclarations reçues par le CRPV passent par le portail national mis en place par le ministère de la Santé. La majorité arrive par mail ou courrier avec l’envoi de la fiche de suivi et de déclaration d’événements indésirables éditée par le CRPV Limousin et remise à chaque patient vacciné. Une initiative locale qui a fortement incité à participer à la déclaration.

Hélène Pommier

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