- Le prince Philip, fondateur du WWF et promoteur de la dépopulation.
Vous avez du mal à faire passer les analyses ou les solutions programmatiques de Solidarité & Progrès auprès de vos proches, des membres de votre famille ou de vos collègues de travail ?
En tant que Français, convaincu que l’homme est avant tout un être pourvu d’une forte rationalité héritée de notre fameux Descartes national et de son non moins fameux Cogito ergo sum, vous soupirez : « Explorer Mars d’ici 50 ans, comme le propose Lyndon LaRouche, n’est pas moins fou que l’envoi de la mission Apollo vers la Lune en 1968 ! Et pourtant, moi, aujourd’hui, on me traite de dingo, alors que Kennedy, tout le monde l’admirait ! Comment les gens ont-ils pu devenir aussi irrationnels ? »
Au-delà d’une bêtise et d’une ignorance bien réelle, nous avons du mal à reconnaître que ce qui conduit bon nombre de nos contemporains, et surtout nos jeunes, à s’écarter de la philosophie du progrès et de ses fruits n’est pas la bêtise ou l’ignorance, mais le puissant reflux d’une pseudo spiritualité de nature féodale, se dissimulant sous un masque vert.
Capri, c’est fini
Je m’explique en commençant par une petite anecdote. Il y a une vingtaine d’années, l’auteur de ces lignes a pu s’entretenir à Paris avec un responsable de l’Eglise orthodoxe de l’île de Capri. Écartant d’un revers de main toute démarche politique comme vaine, ce vénérable père m’affirmait sans broncher que tous les problèmes que traverse notre époque trouvaient leur origine dans la Renaissance !
Pourquoi ?
La Renaissance, affirmait-il sans aucune hésitation, fut une erreur terrible (…) L’homme a cru pouvoir substituer la raison à la foi, c’est-à-dire substituer à la foi en Dieu une confiance démesurée en l’homme. D’où la dérive d’une société qui court aujourd’hui à sa perte en se livrant à tous les excès, spéculation financière, cupidité matérialiste, destruction de l’environnement, guerres, etc.
Cependant, poursuivit-il,
Ce qui nous oblige d’être optimise, disait-il avec un certain malice, c’est qu’un "nouvel âge de ténèbres" va mettre l’humanité devant l’évidence que la raison humaine est incapable d’organiser la société humaine et l’homme sera automatiquement ramené vers Dieu !
Il en découlait logiquement que, pour lui, empêcher ou retarder l’effondrement de la civilisation actuelle « n’était pas seulement impossible, mais contraire à la volonté divine ! »
Bon Dieu, toutes les « spiritualités » ne se vaudraient-elles pas ? En effet. Entre la conception prométhéenne et optimiste d’un homme doué de raison créé à l’image vivante du créateur, défendue par Nicolas de Cues, et l’obscurantisme pessimiste des moines misanthropes du désert, il y a un gouffre. D’un côté se trouve la figure fondatrice de la Renaissance du XVe siècle, pour qui l’homme est créateur à l’image du Créateur, chaque individu humain ayant droit à l’entière croissance créée, et de l’autre, ceux qui entendent parvenir à un salut privé sans les fruits du travail humain, en se mettant au vert.
Pour les énormes cartels financiers mondiaux que nous appelons ici l’Empire britannique, l’homme n’est qu’un misérable animal, fatalement condamné à brûler les ressources fixes d’un univers fini qui s’épuise.
Cet Empire britannique, à l’instar des élites SS pour qui l’élimination de certaines races supposées inférieures fut un mal nécessaire qu’il fallait organiser dans de « bonnes conditions », impose aujourd’hui des politiques, économiques et écologiques, visant à réduire la population mondiale de 6,7 milliards d’individus à seulement 2 milliards.
Vaste programme ! Comment y parvenir alors que l’immense majorité de la population mondiale aime la vie et les enfants, désire progresser, se nourrir, se vêtir et éduquer ces jeunes ? Puisque toute ingérence extérieure trop directe provoquerait immédiatement de fortes oppositions, mieux vaut convaincre les victimes, au nom d’une idéologie ou d’une croyance religieuse, de pratiquer la servitude volontaire. C’est ainsi que l’oligarchie financière, à une époque qu’elle considère comme la « crise finale », compte imposer son joug.
Le Prince Philip d’Édimbourg
Examinons ici l’offensive globale menée de longue date par le mari de la Reine Elisabeth II d’Angleterre, le Prince Philip d’Édimbourg.
Sous prétexte de protéger l’environnement, il fonda en 1961, de concert avec un ancien SS, le Prince Bernhard des Pays-Bas, le WWF (Fond mondial pour la nature) afin de réduire la population mondiale.
Sur la démographie, le Prince Philip se plaignait encore récemment qu’il y a « soixante ans, la population était d’à peine deux milliards alors qu’aujourd’hui elle dépasse les six milliards. Cet énorme accroissement – une véritable explosion – a probablement fait plus de mal à l’environnement que tout le reste ».
Le Prince Philip déclara même en août 1988, selon l’agence de presse Deutsche Presse Agentur (DPA) :
Si j’étais réincarné, j’aimerais l’être sous la forme d’un virus mortel afin de contribuer à résoudre le problème de la surpopulation.
Dans un autre entretien il se défend :
Quand on évoque la démographie, les gens pensent que vous cherchez à la contrôler. Je ne veux pas la contrôler, je veux que les gens la contrôlent eux-mêmes pour leurs propres bonnes raisons. Ces raisons peuvent leur venir de leur religion, de leur compréhension scientifique ou simplement de leur bonne intelligence. Mais on ne va pas survivre sur cette planète limitée si la population continue à croître : il ne va rien rester.
Le Prince Charles
Quand on constate la proximité avec Al Gore et Tony Blair du fils du Prince Philip, le Prince Charles, converti par James Lovelock (photo ci-dessus) à l’adoration de Gaia, déesse païenne de la mère-Terre, l’on comprend aisément ce qui se trame derrière la propagande mondiale pour la lutte contre le « réchauffement climatique ».
Notez que Al Gore et le Prince Charles ont eu un mentor commun : le magnat américain Armand Hammer (à gauche sur la photo ci-dessous), fondateur d’Occidental Petroleum. Si Hammer a introduit Gore père auprès des élites américaines, il fut également choisi par le Prince Charles comme le parrain de son fils, le Prince William.
Souvent présenté comme exerçant peu d’influence, le Prince Charles opère en coulisse. En avril 1991, un an avant le Sommet de la Terre de Rio, Charles organisa au large des côtes du Brésil une rencontre discrète à bord du yacht royal Britannia avec les grands patrons de British Petroleum et Royal Dutch Shell et les responsables des grandes ONG, de l’ONU et de la Banque mondiale pour s’assurer du succès du sommet.
En juillet 2010, dans un entretien avec The Ecologist, la revue fondée par le milliardaire réactionnaire Edouard Goldsmith, l’ancien ministre britannique de l’Environnement de Tony Blair, Michael Meacher, autre adepte de Gaia, ne donnait plus que 200 à 300 ans à vivre à l’espèce humaine, qu’il compare à un virus infectant un corps sain, la mère-Terre :
La Terre fera tout ce qu’elle pourra pour survivre avec nous [les humains] comme le virus qui la menace de destruction. Le changement climatique est une façon pour elle de réagir…
Contraire à la Genèse
L’éthique judéo-chrétienne, mais aussi bon nombre de religions humanistes, rejettent ce malthusianisme délirant.
Rappelons ici ce qu’on peut lire au premier livre de La Genèse (1:26) : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et il leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. »
(ci-contre une photo de la Création d’Adam, portail nord de la cathédrale de Chartres, début du XIIIe siècle)
Pour renverser cette conception fondamentale, le Prince Philip a lancé une vaste offensive de récupération « écologique » auprès des responsables religieux.
Il explique :
Bien que dans les années 1980, le WWF collectait pas mal d’argent et commençait à lancer ces projets (…) j’estimais qu’avec les types de campagnes de sensibilisation qu’on menait » (conférences, articles, livres, films, etc.), on « ne touchait que les gens éduqués des classes moyennes (…) Or, les gens qu’on devait atteindre étaient ceux vivant dans les zones à grand risque et les régions où le potentiel pour la diversité biologique était le plus grand. J’ai constaté que les gens les plus aptes à communiquer avec eux étaient leurs dirigeants religieux. Plus que quiconque, ils étaient en contact avec la population locale. Ainsi, si l’on pouvait amener ces dirigeants à s’engager sur la question de l’environnement, ils pourraient ensuite motiver leurs coreligionnaires.
1986, la rencontre d’Assise
Avec cet objectif, le Prince Philip organisa en 1986 la « Rencontre inter-religieuse d’Assise », cherchant à embarquer les religions dans sa croisade malthusienne et réduisant saint François d’Assise au simple symbole d’un saint « écolo » parlant aux animaux.
Le Prince Philip raconte comment il orienta les débats sans paraître directif :
Les cinq dirigeants religieux [représentant le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme, l’islam et le judaïsme] s’accordaient pour dire qu’ils avaient une responsabilité et on leur demanda de décrire de quelle façon leur religion voyait l’environnement. On disait : "nous ne voulons pas être œcuméniques ; on ne veut pas de texte final adopté par tous. A la place de cela, nous aimerions que chacun dise ce qui importe pour lui et sa tradition".
Continuant sur cette lancée, Philip fonda en 1995, l’Alliance pour la religion et la conservation [protection de la nature] (ARC), au château des Windsor, en Angleterre (photo). Son secrétaire général est le sinologue anglican Martin Palmer.
Pour démontrer comment cette stratégie permet de bloquer les grands projets de développement, citons simplement la campagne « terres sacrées » lancé par l’ARC et le WWF avec l’aide de l’archevêque de Cantorbéry, numéro deux de l’Eglise anglicane après la Reine.
Ce projet vise, en Angleterre comme ailleurs dans le monde, à faire reconnaître certains sites naturels (forêts, lacs, rivières, marais, déserts, etc.) comme des « lieux sacrés » afin de les mettre d’office à l’abri de tout aménagement opéré par l’homme. Des livres tels que Sacred Britain (1997), pour le Royaume-Uni, et Beyond Belief (2005), pour le reste du monde, en fournissent de longues listes et descriptions.
Katmandou 2000 et 3IG
En novembre 2000, à Katmandou, au Népal, des dizaines de représentants spirituels de différentes religions et croyances remettaient 26 « cadeaux sacrés pour une planète vivante » au cours d’une cérémonie organisée par le WWF et l’ARC en présence du Prince Philip, chacun exhibant son engagement pour l’environnement.
Parmi ces « engagements » que cite le WWF France, on trouve aussi bien l’engagement honorable des bouddhistes de Mongolie de rétablir l’interdiction totale de la chasse sur leurs sites sacrés, en vue de sauver le léopard des neiges, que l’engagement financier de l’Eglise méthodiste américaine de transférer la totalité de ses fonds de trésorerie dans un fonds d’investissement éthique « vert ».
C’est d’ailleurs lors de cette cérémonie à Katmandou que naît l’idée de créer l’International Interfaith Investment Group (3IG), officiellement mis sur pied lors d’une conférence en avril 2005 à Londres réunissant des responsables des rites bouddhistes, chrétiens, taoïstes, juifs, musulmans et sikhs.
Si, officiellement, il s’agit de permettre aux religieux de placer leurs fonds et leur patrimoine dans des investissements « socialement responsables », et donc en accord avec leur religion, c’est en réalité un instrument de contrôle qui s’est ainsi mis en place. Selon le site de l’ARC, les grandes religions contrôlent 60 % de toute l’aide médicale en Afrique et 40 % des écoles ; elles gèrent 70 % des sites touristiques de la planète, possèdent 7 % des terres habitables et d’innombrables associations. « Tout cela est largement financé avec les bénéfices tirés de leurs actions en bourse, de leurs participations et de leur parc immobilier ». Rendement financier, écologisme et contrôle social forment ainsi les trois piliers d’un ordre politico-religieux.
Parmi les membres fondateurs du 3IG, notons le diocèse suédois de Vasteras qui possède d’immenses forêts dans ce pays, le Conseil mondial des églises et l’Eglise méthodiste américaine, dont la trésorerie dépasse les 40 milliards de dollars. Parmi les « conseillers séculiers » du groupe, notons la banque américaine Citigroup, la banque néerlandaise Rabobank, la Banque mondiale, ainsi que Innovest et le WWF International. Du point de vue européen, notons le soutien des bénédictins sous la forme de l’Alliance inter-monastères (AIM), sur laquelle nous reviendrons.
Travaux pratiques : décembre 2009, le sommet de Copenhague
En novembre 2009, c’est-à-dire un mois avant le sommet de Copenhague, le Prince Philip et l’ARC, dans un partenariat officiel avec le secrétaire général de l’ONU Ban Khi-Moon, organisa un séminaire de trois jours, la « Célébration de l’environnement et des religions », au château royal de Windsor, dans une tentative ultime de convaincre les pays du Sud de renoncer à leur droit au développement industriel.
Le vice-directeur général de l’ONU, Olav Kjorven, qualifiait cette rencontre, qui finissait évidemment avec un banquet végétarien, comme « le plus grand mouvement de la société civile de l’histoire sur le changement climatique » et « la plus grande mobilisation jamais vue de peuples et de communautés sur cette question ».
Heureusement, les pays du Sud refusèrent courageusement les dictats du sommet de Copenhague, comprenant que toute cette agitation avait pour but d’empêcher leur développement en les plaçant sous tutelle.
En France
Le WWF France a évidemment voulu répliquer ce processus. Après une première rencontre, en octobre 2001, au monastère orthodoxe de Solan (lié au Mont-Athos), dans le Gard, le WWF France organisa en avril 2003 les rencontres Ecologies et Spiritualité, qui se déroulèrent sur le site prestigieux du Mont Saint-Michel.
Daniel Richard, président du WWF-France à l’époque, souligna dans l’introduction du programme de cette rencontre, que « Le WWF considère (…) que les traditions spirituelles sont des alliées, et qu’elles doivent participer à la prise de conscience générale face à l’accélération des problèmes écologiques ». Ensemble, il s’agit de « réenchanter » le monde.
C’est l’écologiste personnaliste Jean-Marie Pelt, fondateur de l’Institut européen d’écologie à Metz, qui ouvrit la rencontre et l’anima.
Suivit alors un exposé du père belge Martin Neyt (photo ci-contre), moine bénédictin au monastère Saint-André de Clerlande, en Belgique, enseignant les Arts Africains à l’Université catholique de Louvain et, surtout, à la tête de l’Alliance inter-monastères (AIM). Sachez qu’en principe l’ordre des bénédictins est une confédération sans direction centrale, et que l’AIM ne fait qu’assurer « la promotion des relations » entre les monastères bénédictins à travers le monde.
Participant pleinement au lavage de cerveau du WWF, l’AIM a envoyé en 2002 un questionnaire environnemental auprès de 140 communautés du réseau français “Monastic”. Ce questionnaire, élaboré en collaboration avec le WWF-France, visait à « recenser les actions en faveur de l’environnement menées par les monastères, telles que la préservation des espaces naturels, l’agriculture biologique, la réduction des consommations d’eau ou d’énergie, l’utilisation d’énergies renouvelables, le recyclage, ou les actions d’éducation ou de sensibilisation à l’environnement ».
Pour rester poli, disons simplement ici que certains Bénédictins n’ont pas attendu l’arrivée du Prince Philip pour combattre la conception prométhéenne et optimiste d’un homme capable de créer à l’image du Créateur, image qu’ils considèrent comme le summum de l’orgueil. Ce sont eux qui s’opposèrent à la renaissance carolingienne.
Denis de Rougemont
Cette vision d’une spiritualité féodale concorde largement avec les thèses du personnaliste réactionnaire suisse Denis de Rougemont.
Ce dernier, président du Congrès pour la liberté de la culture (CLC), faisant abstraction des régimes et des politiques, s’acharne avec virulence contre l’Etat-nation qu’il accuse d’être à l’origine de toutes les aliénations humaines.
Dans L’Avenir est notre affaire (p. 90), il écrit :
Les Etats-Nations ont géré et détruit ses ressources [de la terre] en vue de leur seule puissance et de leur seul prestige ; en vue de la guerre, dont tous sont nés.
Dans Ecrits sur l’Europe (p.231), de Rougemont souligne que « le fédéralisme est dans la ligne de la pensée chrétienne, alors que le nationalisme est foncièrement païen, idolâtre et anti-chrétien. L’idée même de nation est étrangère au dogme et à la foi chrétienne ».
Pour sauver l’humanité, il faut éradiquer les Etat-Nations en s’appuyant sur la notion de « personne », contraire à l’idée d’individu et de citoyen. La personne, dit-il, s’inscrit dans un réseau de relations puisque l’Homme abstrait n’existe pas. Et ce réseau de relations est la société.
Procédant comme Aristote dans Le Politique, Denis de Rougemont part du couple. Du couple, de la famille, on passe aux petites communautés auxquelles on adhère aujourd’hui librement, puis aux régions qui se fédèrent entre elles pour former un Empire.
Denis de Rougemont envisage ainsi la division de la France en une douzaine de régions linguistiques (Alsace, Bretagne, Pays basque, Corse…), leur allégeance à l’Empire leur garantissant les libertés, coutumes locales…
1976, ECOROPA
Pour combattre l’énergie nucléaire, non pas en tant que science, mais en tant que plateforme ou plateau correspondant à un stade de développement d’un Etat-nation, de Rougemont lancera en 1976 avec une trentaine de personnalités l’association Ecoropa (Europe Ecologie).
Parmi eux, Jean-Marie Domenach alors directeur de la revue personnaliste Esprit, Jacques Ellul, le milliardaire britannique Edouard Goldsmith et Jean-Marie Pelt, qu’on a retrouvé en 2002 avec le WWF au Mont Saint-Michel. Ecoropa affirme alors vouloir travailler en faveur de « l’Europe des peuples et des vrais pays, non celle à laquelle restent attachés les Etats-nations d’une ère révolue ».
Mieux encore, d’après Bernard Charbonneau, autre membre fondateur d’Ecoropa, c’est le producteur de vin du Bordelais Edouard Kressmann qui aurait créé Ecoropa lors d’une rencontre à l’abbaye bénédictine d’En Calcat, située à 70 km de Toulouse !
La tentation bénédictine de Benoit XVI
Benoît XVI montre également une forte tentation bénédictine. A la messe de minuit de Noël 2007, il affirma :
L’étable [de Noël] représente la terre maltraitée (...) en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ». Et son message de paix du 1er janvier 2008 disait que « les pays technologiquement avancés doivent revoir leurs habitudes exagérées en matière de consommation d’énergie, liées au modèle actuel de développement.
Joignant le geste à la parole, Célébration qui commémore le sacrifice du Christ.le plus petit État du monde a pour ambition de devenir neutre en émission de carbone.
Des centaines de panneaux solaires photovoltaïques sont en cours d’installation sur le gigantesque toit de la salle des audiences, pour fournir l’électricité à la Cité du Vatican.
Le 5 juillet 2007, il signait le contrat de plantation d’une « forêt climatique du Vatican » en Hongrie, amorçant un « puits de carbone » de 7000 hectares, afin de compenser les émissions de carbone provoquées par les déplacements du pape et de ses collaborateurs.
La conférence des évêques d’Allemagne qui vient de se conclure à Fulda en appelle aux énergies durables et affirme que « l’énergie nucléaire n’est pas de nature à nous fournir l’énergie qu’il nous faut sur le long terme ».
La pensée féodale de Cameron et Obama
Pour mesurer comment cette « révolution » écolo-spirituelle se traduit en politique, il suffit de lire attentivement le discours du 31 mars du nouveau Premier ministre britannique David Cameron. Celui y martèle son idée d’une « Grande société » [Big Society] qu’il a défendue avec passion voire acharnement durant toute la campagne électorale, tout en imposant une austérité draconienne sans précédent.
D’abord, pour combler les déficits, Cameron a décidé de supprimer des postes de fonctionnaires et les services qui vont avec. Michael Gove, le ministre de l’Education britannique, vient d’annoncer l’annulation de 838 millions d’euros de projets de construction d’écoles. Les établissements scolaires neufs sont désormais rangés dans la catégorie gaspillage. « Ce n’est peut-être pas faux », écrit un éditorial laconique du quotidien The Independent, « puisque le but semble être que personne ne trouve de boulot en sortant de l’école ». Autre exemple, Cameron vient de supprimer l’enseignement de la natation à l’école. « On économise l’argent gaspillé à leur apprendre à nager, mais ce n’est pas grave, puisqu’il n’y a nulle part où nager », ironise le même journal.
Cameron revendique ce désengagement systématique de l’Etat en transférant les responsabilités au niveau décisionnel inférieur et petit, suivant une conception dévoyée du principe de subsidiarité si cher aux personnalistes et à Denis de Rougemont. En réalité, pour gérer cette casse sociale déguisée, Cameron fait croire qu’il promeut le pouvoir citoyen. Ainsi, des associations locales pourront par exemple gérer bénévolement des bureaux de poste, des bibliothèques ou même des transports en commun. Dans une des régions cibles, l’une des associations pilotes rachètera un pub dans un village pour y redynamiser l’activité, une autre fera appel aux bénévoles pour étendre les heures d’ouverture d’un musée, etc.
Cette idée, qui provoque à juste titre l’ire des syndicats de la fonction publique, sort du cerveau d’un certain Phillip Blond (photo ci-contre), un expert en théologie de la Société fabienne (travailliste) qui vient de créer son propre think-tank dénommé ResPublica en se mettant au service des conservateurs. Blond, un anglican qui se dit inspiré par la tradition catholique, se prévaut de la bienveillance de Benoit XVI.
Fustigeant la bureaucratie, Blond, une fois l’Etat-nation moderne démantelé, appelle comme de Rougemont à un retour à de petites communautés et des coopératives autogérées.
Dans un article publié par le Guardian intitulé Medieval Thinking en septembre 2008, il affirme que
mettre à jour et reprendre ce modèle médiéval à l’âge moderne est évidemment ce qui nous reste à faire.(…)Faire plus avec moins (…),cela comprend toute une palette d’approches concordantes : briser les monopoles d’Etats ; autoriser les institutions charitables ou les sociétés et entreprises sociales à devenir prestataires des services publics ; le tout en redonnant le pouvoir aux quartiers et en soumettant l’exercice du pouvoir à un contrôle citoyen.
Là, « subsidiarité » n’est plus, suivant la doctrine traditionnelle de l’Eglise catholique, la possibilité d’exercer le pouvoir au plus près d’où il peut l’être, en déléguant à des instances plus élevées les activités collectives plus universelles, mais devient transfert à des instances locales ou régionales des prérogatives de l’Etat-nation, substituant le bénévolat au salariat pour le plus grand avantage des intérêts financiers dominants devenus sponsors d’une « charité » instrumentalisée. Au ras des pâquerettes, l’idéologie « verte » devient ainsi « collabo » d’une austérité féodale. Preuve en est la réduction de 60% des subventions au monde associatif et social prévue par MM. Osborne et Cameron.
Le modèle de Cameron ? Le community organizing [l’auto-responsabilisation des ghettos] de Barack Obama, quand il était éducateur de rue à Chicago !
Conclusion
Comme le démontre ce tour d’horizon, cette conjonction de pessimisme, de bêtise, de spiritualité mal comprise et d’opérations dépopulationnistes, répand aujourd’hui un changement de climat politique qui peut s’avérer fatal.
Partant d’un point de vue radicalement opposé, pour nous comme pour le grand scientifique russe Vladimir Vernadski, l’homme doit être l’ingénieur de la biosphère car sa capacité unique le rend responsable de tout et de tous. Au lieu de succomber à un culte des « limites », ce qui serait contraire à la nature et à l’esprit du créateur, l’homme, en tant que responsable conscient du principe du vivant, doit au contraire élargir en permanence toutes les possibilités du vivant et de la création. Tous ceux qui agissent, par action ou par omission, dans le sens contraire, commettent un grave péché contre l’homme et la nature. Cessant de créer et s’adaptant au plus petit commun dénominateur, ils deviennent irresponsables et destructeurs.